L’accessibilité universelle est au cœur de tous les nouveaux projets d’équipements et d’infrastructures de transport collectif. Elle doit permettre à toute personne une expérience de mobilité fluide sans obstacles, qu’elle circule en fauteuil roulant ou qu’elle transporte avec elle une poussette. L’ARTM s’est dotée d’une politique d’accessibilité universelle qui témoigne de son engagement à offrir une mobilité inclusive pour l’ensemble de la population sur son territoire.

Anthony D’Alba, directeur de projets à l’ARTM, a travaillé notamment au développement et à la conception des nouveaux équipements de billettique universellement accessibles, dont l’implantation a commencé dans les premières stations du REM. Découvrons, en cinq questions, comment l’accessibilité est prise en compte lors d’un nouveau projet en transport collectif.

C’est avant tout une question d’égalité d’accès à un service essentiel, celui de se déplacer pour se rendre à son travail, faire son épicerie ou encore visiter sa famille. La mobilité est un facteur d’inclusion dans la société et il est de notre responsabilité d’éviter que certaines personnes en soient exclues de façon permanente ou temporaire parce que des équipements ou des infrastructures limitent leur mobilité.

La planification des transports collectifs doit intégrer l’accessibilité universelle dès la conception d’un projet, afin d’éviter de devoir réaliser des adaptations par la suite pour certains publics cibles. C’est au final une économie de temps, d’argent et un gain pour tous les usagers qui en bénéficieront à un moment ou à un autre au cours de leur vie.

Le projet Billettique REM comprend le développement, l’acquisition et l’installation dans les stations du REM de nouveaux équipements de billettique permettant d’assurer l’achat et la validation des titres de transport pour les usagers. Ainsi, de nouvelles distributrices de titres et de nouveaux portillons d’accès aux stations ont été conçus en partenariat avec la STM et le fournisseur choisi afin d’installer, dans l’ensemble des stations du REM, des équipements de nouvelle génération plus simples d’utilisation et universellement accessibles.

Ces deux équipements ont été développés en concertation avec le milieu associatif et testés à plusieurs étapes de la conception par des spécialistes et des usagers présentant différentes limitations fonctionnelles (aides à la mobilité, poussette, valises, marchette, etc.). Les aspects matériels, visuels, le design et le positionnement des interfaces ainsi que le développement des logiciels ont ainsi bénéficié de la collaboration d’experts en accessibilité universelle.

L’un des grands changements des nouveaux portillons installés dans le REM, c’est le passage des deux différents modèles actuellement installés dans le métro (un modèle non accessible universellement, munis d’un tourniquet, et un modèle secondaire à vantaux pour les personnes à mobilité réduite) à un modèle unique avec des vantaux vitrés.

L’abandon du modèle à tourniquet permet d’améliorer la fluidité de passage pour les usagers du REM, qui empruntent tous désormais le même type d’équipement, sans distinction de traitement. Une seule différence subsiste: certains portillons sont plus larges, pour permettre à des personnes avec des valises, des poussettes ou se déplaçant en quadriporteur, par exemple d’emprunter ceux-ci avec plus de confort. Ce nouveau modèle unique de portillon a été conçu en visant une accessibilité universelle, notamment grâce au positionnement adapté des écrans et des cibles de validation, à un accès sonore aux messages visuels, à des indications tactiles et à des contrastes de couleur permettant de repérer les différentes composantes de l’équipement.

Enfin, l’ARTM a travaillé avec la STM afin d’harmoniser les interfaces des portillons avec celles des appareils de validation du métro et des autobus. L’expérience client sera ainsi harmonisée dans la région métropolitaine, ce qui facilite l’utilisation des équipements pour les usagers du transport collectif.

Les nouvelles distributrices de titres, qui seront installées en 2025, ont été complètement revues par rapport aux modèles actuels existants dans le métro, les terminus d’autobus et les gares de train. L’accessibilité universelle a entièrement orienté le design et les fonctionnalités du nouvel équipement afin de le rendre plus ergonomique et accessible à toutes les clientèles. En effet, concevoir des équipements accessibles universellement facilite l’utilisation en réponse à différentes limitations fonctionnelles, mais offre également une expérience améliorée à l’ensemble des usagers. Autrement dit, tout le monde en bénéficie.

Quelques grandes améliorations parmi d’autres:

• Un écran tactile plus large et incliné permettant une meilleure lecture par tous.
• Des procédures d’achat de titres globalement plus simples d’utilisation avec la possibilité d’une traduction sonore grâce à l’utilisation d’un casque d’écoute pour les personnes amblyopes.
• Une attention particulière portée à la taille des polices et aux contrastes de couleur, complétés par des indications tactiles, afin de faciliter la lecture par tous.
• L’introduction du lecteur bancaire sans contact requérant moins de dextérité motrice.
• La façade de l’équipement permettant un accès frontal aux personnes en fauteuil roulant, grâce à un espace pour les pieds dans le bas de la machine.
• Une position optimisée (hauteur et répartition) de toutes les interfaces de paiement et de recharge pour maximiser leur atteinte et faciliter leur utilisation. Ces différents objets d’interaction seront munis d’indications visuelles et sonores pour accompagner l’usager dans chaque étape de la transaction (pour récupérer sa monnaie ou sa carte bancaire, par exemple).

Pour la conception d’équipements universellement accessibles, il est nécessaire de considérer dans la planification du projet des phases conséquentes de concertation et de tests pour s’assurer que l’équipement réponde aux besoins de tous.

Dans le cas du projet Billettique REM, le défi était de concilier ce temps de développement plus long avec le calendrier de mise en service du REM. Ainsi, l’ARTM a décidé de mener à bien la conception de nouvelles distributrices de titres universellement accessibles, même si cela impliquait que l’équipement soit disponible après l’ouverture des premières stations du REM. Des mesures transitoires ont alors été pensées pour permettre aux usagers d’acheter leurs titres dans l’intervalle.

Pour rendre nos transports collectifs accessibles et plus inclusifs, il est essentiel que tous les acteurs impliqués dans le domaine du transport, du développement urbain, de l’aménagement et de la communication unissent leurs efforts afin d’éliminer ou de limiter les obstacles à l’utilisation des réseaux de transport collectif.